mardi 7 octobre 2014

Tasmanie - vendredi 28 mars - 7e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce septième et dernierjour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : euh non en fait, pas de photo. Ca se comprend d'ailleurs.


Cette journée est principalement à oublier. A cause de contraintes locatives, nous devons rendre la voiture le matin à 9h, alors que notre avion ne part qu’à 19h le même jour pour rentrer à Melbourne.
C’est donc sans trop d’entrain que nous nous réveillons alors qu’il fait encore nuit. Maguy a très mal dormi à cause des moustiques. Elle pourra se rattraper à l’aéroport.
La voiture est rendue sans surprise. Et nous voilà dans l’aérogare. Il est 9h30 et la prochaine animation est l’enregistrement des bagages vers 17 ou 18h. Heureusement il y a des rangées de sièges libres. Nous faisons la sieste à tour de rôle en attendant.
Allez Tassie, bye bye !

Tasmanie - jeudi 27 mars - 6e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce sixième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Launceston


Au réveil ce jeudi, un sentiment de satiété nous envahit. On a bien mangé cette nuit. Disent les moustiques.
Les nouvelles chambres étaient moins chaudes, mais elles n’ont pas éloigné les insectes pour autant. Certes, ils ont été moins nombreux, mais juste une ou deux piqûres de plus et c’est la place qui commence à manquer sur le bras de Maguy. Et ailleurs.
Il pleut ce matin, nous n’avons pas de parapluie pas nous avons des capuches. Nous reprenons le chemin du centre ville pour une toute autre direction que le pub. Pour tout alcool, c’est celui à 90° du chemist local qui nous intéresse. Et encore. La pharmacienne propose quelques pommades gentillettes. Maguy la regarde dans les yeux, ne dit, rien, remonte sa manche. Léger mouvement vers le haut des sourcils de la pharmacienne, qui range ses tubes pour enfants et sort l’artillerie lourde. Now you’re talking. Les bzzz n’ont qu’à bien se tenir.
Avant de quitter Launceston, nous en profitons tout de même pour errer dans les rues piétonnes. Comme dans beaucoup de villes australiennes (rappelez-vous que j’en ai vu 2 avant celle-ci) les rues commerçantes sont souvent reliées par des passages à l’intérieur des bâtiments que l’on nomme « arcades ».
Hier soir, nous nous sommes déjà promenés dans le centre et nous avons noté quelques lieux à revoir de jour. Une église, une fontaine avec un petit ange en haut, des coussins en ciment.
Les poteaux qui tiennent les lampadaires sont ornés d’affiches aux couleurs de l’équipe locale, les hawks. Mais d’ailleurs c’est quel oiseau exactement le hawk ? Un aigle, un faucon ? Eagle et falcon pour ces deux-ci, donc non. En fait, c’est une buse. Et en français, c’est nettement moins positif comme mot. Certes, dans le vol à voile une buse est un oiseau qui plane bien et qui balise les pompes. C’est un ami. Mais pour Maguy et moi et pour la fin du voyage, ça restera une buse. Et les supporters de cette équipe ne seront qu’une bande de hawks, désolé pour eux.
En plein jour, les rues piétonnes sont agréables et un peu plus peuplées, ce qui rend Launceston vivante. Après un passage dans les arcades (et surtout après de nombreux détours pour les trouver), nous nous replions vers une église dont l’entrée semble ouverte. Donc visitable.
A l’intérieur, nous sommes accueillis par une dame qui nous aide à mettre de côté nos sacs et qui nous donne quelques informations avant de nous laisser continuer la visite. Nous sommes dans l’entrée de l’église de la Ste Trinité. Cette église du début du XXe siècle est une œuvre architecturale du célèbre Alexander North, héros local. Après s’être enquis de notre origine, la dame s’excuse mille fois de nous présenter un bâtiment ancien si jeune par rapport à ce que nous connaissons. Elle semble croire qu’en Europe les cabines téléphoniques également datent de la Renaissance.
Particularité de cette église, elle n’est pas finie. En effet, on voit bien que le mur qui ferme l’édifice a été rajouté plus tard, et c’est plus une cloison qu’un mur. Une jolie cloison qui ne dénote pas avec l’ensemble, mais une cloison tout de même. Pas un mur porteur, pas une porte majestueuse. Les architectes de l'extension ont tout de même pensé à refermer derrière la cloison, et c'est une petite entrée qui accueille les visiteurs à l'entrée.
Nous repartons non sans apprendre que le célèbre Alexander North a également dessiné la poste qui se trouve quelques pâtés de maison plus haut. Le détour est indispensable.
Puis c’est le retour à la voiture, avec pour objectif de rentrer à Hobart pour la soirée. Nous devons rendre la voiture demain matin.
La route n’a que peu d’intérêt. Elle est large et droite, et le ciel est gris. Mais le téléphone de Maguy diffuse de la musique (toujours entrecoupée de « A » aléatoirement) qui nous garde de bonne humeur. Personne n’est là pour nous entendre chanter Goldman à tue-tête. Mais nous ça nous va.
Le midi, nous pique-niquons sur une aire de repos, en plein air mais à l’abri du liquide aqueux qui persiste à tomber du ciel.
L’auberge de Hobart est en plein centre. Le plus difficile en fait est de trouver une place pour la voiture quand toutes les places sont payantes et limitées à deux heures. Nous finissons tout de même à trouver un parking souterrain. 7$ pour la nuit, c’est donné.
Le backpackers de cette nuit est immense. Et labyrinthique au point d’avoir une entrée principale et une entrée à l’arrière, au fond d’une ruelle qui n’est heureusement pas glauque. A l’accueil le gars nous explique bien le chemin vers notre chambre, et il a raison. Il y a des escaliers, des demi-étages, des couloirs qui s’enchaînent au travers de passages en rétrécissement. Une fois dans la chambre il faut encore trouver la pièce à vivre et la salle de bain. L’aventure. Mais, et c’est le luxe, il y a des draps. Et ça, après une semaine de duvet, c’est magique.
Comme il est encore tôt, nous avons le temps d’aller visiter les arcades de la ville. Dans le collimateur, le magasin de Crocs que nous avons vu en soldes depuis la voiture en arrivant. Et une boutique Apple pour un câble correct. Le premier objectif échoue pour cause d’horaire trop tardif, le second réussit. De retour à Melbourne, nous aurons du son sans remise à zéro. Soulagement.
Nous continuons nos pérégrinations. En poche, un plan sommaire de la ville, au format 10 par 10 et en petit dans le Lonely Planet. Nous devons plusieurs fois nous arrêter pour regarder de plus prêt et trouver la direction des arcades suivantes. Lors d’un de ces arrêts, nous avons l’agréable surprise de voir une dame stopper spontanément à côté de nous pour nous proposer son aide. Ami parisien, tu peux relire cette phrase et ramasser ta mâchoire.
La météo est humide et gouttelée, mais la ville est agréable et animée. Nous errons sans but entre jardins et rues marchandes. Ici c'est une journée travaillée et c'est justement la sortie des bureaux.
La soirée se termine à l’auberge. Repas à la cuisine, puis New Year’s Eve à la télévision. Il est temps de se coucher, je mets mon coupe-vent à sécher sur la fenêtre et mes chaussures sous le lit. Réveil à… tôt.

lundi 22 septembre 2014

Tasmanie - mercredi 26 mars - 5e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce cinquième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Georges Town et Narawntapu National Park


Aujourd’hui, nous avons prévu de descendre la Tamar Valley jusqu’au bout sur une rive, puis de traverser et de revenir par l’autre. Les étapes intermédiaires ne sont pas bien définies, on verra. Ayant mis mon réveil, je me lève et essaie de réveiller ma voisine du dessous sans alerter toute la chambre pour qui la grasse matinée semble devoir durer jusqu’à midi. En réaction à ma pression de la main sur son épaule, Maguy bondit, son cœur accélère à 180 et son regard foudroyant tente de m’expliquer sans mot que je ne devrai plus jamais faire ça. Puis le même message arrive avec des mots. Je pars me cacher dans un trou de souris.
Le calme revenu, nous descendons petit-déjeuner. La cuisine commune est à l’image des chambres. Nous en profitons pour négocier un changement d’étage afin de diminuer la température lors de la prochaine nuit. Nous ne serons plus dans la même chambre mais la requête est acceptée. Dans la salle du petit déjeuner, nous retrouvons comme soupçonné le couple d’asiatiques qui nous suit (correction : qui fait le même parcours que nous) depuis Eaglehawk.
En route.
Le début de la route n’est pas des plus pittoresques, et il fait gris. Les plages d’azur et l’eau nacrée nous manquent déjà. Heureusement, les aires d’autoroute sont toujours judicieusement placées pour surplomber la vallée avec un point de vue délicatement choisi. Et il ne pleut pas.
Nous passons le Batman Bridge, qui nous donne l’occasion de nous poser la question de ce monsieur Batman. La première fois que vous voyez une Batman Street ou un Batman Square en Australie, vous vous dites que les australiens ont de l’humour et qu’ils sont moins complexés que les européens pour nommer un lieu officiel comme un personnage de fiction moderne. Au bout de deux ou trois occurrences, vous commencez à trouver ça louche. Et en voyant le Batman Bridge, c’est là que le louche a pris le dessus sur l’amusant.
John Batman est en fait un pionnier australien des débuts de la colonisation. Connu principalement autour de Melbourne dont il a fondé l’état de Victoria, il sert de prétexte à divers lieux touristiques qui indiquent fièrement que Batman a fait pipi ici. Aucun rapport avec Bruce donc.
Après avoir longé la rive gauche et traversé le bat-pont, nous faisons une pause à Georges Town. L’office de tourisme à l’entrée nous remet un plan de la ville et des curiosités locales. La première est derrière nous, et nous faisons donc demi-tour afin de monter vers le promontoire qui permet d’apercevoir la vallée jusqu’à l’Océan au nord, Georges Town au milieu.
Imaginez-vous Georges Town comme un village balnéaire de la côte d’azur. La population y est âgée (nous y reviendrons), le tourisme est le seul moyen d’attirer du monde et de l’argent, sans compter les retraites des pensionnaires bien sûr. Les rues ne sont pas très animées alors que nous sommes en milieu de matinée. Les curiosités locales n’ont rien de bien extraordinaire. Et sur le promontoire qui domine l’agglomération, un panneau : business is booming.
Eclats de rire. Difficile d’imaginer Georges Town comme le bassin de l’emploi en Tasmanie.
Pour nous remettre de nos émotions et comme nous n’avons pas encore pris notre café, nous avançons de quelques curiosités architecturales de peu d’intérêt et nous stoppons au Signature Café. La petite échoppe toute en longueur a la particularité d’avoir tous ses murs recouverts de messages laissés par les visiteurs. On y voit de nombreuses langues dont du français. Quelques dessins. Les cappuccinos sont bus principalement en silence, nos yeux parcourant les murs. Nous n’écrivons rien et nous reprenons notre marche.
Au bout du bout de Georges Town, il y a un phare. Après le phare, un bout de terre soufflé par le vent et couvert de végétation semi-marine. Le soir on peut y apercevoir des pingouins, mais il est midi. Nous avançons tout de même jusqu’au bout afin de marquer le point le plus loin au nord de notre voyage. En face de nous, invisible, Melbourne est normalement toujours là. L’immensité de l’océan vis-à-vis de notre petite taille invite à réfléchir sur notre condition mais nous préférons penser à notre estomac. Il est midi disais-je.
Il fait toujours gris et nous trouvons une aire de pique-nique le long de la plage, juste avant les maisons de retraite. Par un souci de sécurité qui les honore, les habitants ont ajouté une signalisation qui permet aux automobilistes d’être avertis des dangers inhérents à la présence de vieux dans les rues. Des panneaux « AGED » encadrent les résidences associées, on ne peut pas les rater.
Sur notre plage, nous reprenons nos boîtes de thon et nos carottes crues. Le vent n’est pas trop fort et les vagues ne sont pas hautes. Et puis il y a Fangio. Fangio est le surnom que nous donnons à cet homme en fauteuil roulant électrique qui avance sur la plage de toute la vitesse de son moteur. Fangio commence sa course quand nous sortons les victuailles du sac. A l’ouverture des boîtes de thon, Fangio passe à notre hauteur. Nous nous levons pour acclamer l’arrivée de Fangio à l’autre extrémité, et pour repartir. Notre repas est fini, Fangio a fait une belle course. Il n’a pas l’air malheureux. Il n’a pas l’air pressé non-plus.
Nous repassons en ville afin de finir notre tour des maisons typiques de Georges Town. Le plus typique est peut-être le parc du centre ville. Bien aménagé, il est équipé de machines de sport comme dans les salles du même nom. La particularité vient des dessins qui expliquent comment s’en servir. Les hommes sont en pantalon à pli, dans des chaussures de ville et en bras de chemisette. Leur visage porte les marques de dizaines d’année de pratique. Alors le bassin de l’emploi…

Tribut aux hommes qui ont posé le télégraphe au fond de l'océan. Bois sculpté à la tronçonneuse.

En repartant vers Launceston, il nous reste du temps pour une escapade en dehors de la ville. Comme nous n’avons pas trop marché, nous repérons un parc national non-loin de là, qui sera une bonne occasion de nous dégourdir les jambes.
Erreur.
Le Narawntatruc National Park a un nom difficile à retenir et est mal indiqué sur la carte. C’est un premier indice. Quand on s’en approche, les routes sont de plus en plus mauvaises, les panneaux indicateurs sont inexistants, la cabane du garde à l’entrée n’existe pas. Autres indices.
N’écoutant que notre courage (et doc ignorant tous les indices) nous rétrogradons en seconde et nous avançons, bien décidés à trouver un joli point de vue ou un sentier agréable.
Mais plus le temps passe, plus les kilomètres sont avalés, plus on est moins sûrs de nous. Le bon point c’est que le GPS reconnaît la route sur laquelle nous sommes. Même quand elle monte fort. Même quand elle n’est ni pavée, ni goudronnée, ni cailloutée. A un embranchement, un panneau nous indique une fire tower, substantif qui ne nous aide pas mais qui donne toujours un objectif à notre ballade en forêt. Nous continuons. A l’occasion d’un large virage qui nous permet de garer l’auto, nous descendons du véhicule et tentons de suivre des traces de pneus dans les fourrés. Le chemin n’est pas bien balisé et on se demande même si le chemin du retour sera facile à retrouver. Maguy a le sens de l’orientation, ça me suffit. Mais après 10 minutes de marche, nous ne débouchons sur rien, nous n’arrivons toujours pas à voir à travers la végétation alors que nous savons que nous ne sommes sur une colline avec forcément un point de vue élevé. Nous abandonnons, un peu déçus. Dans ce genre de situation, presque perdus en forêt, promenade sans intérêt avec rien à voir, la nuit qui tombe, la boue sur les chaussures… il serait facile de tomber dans le désespoir et la morosité. Mais non. Le comique de la situation nous redonne des ailes et c’est de bonne humeur que nous décidons d’aller au bout de notre connerie. Puisque nous sommes déjà en plein milieu du parc, autant le traverser. Le GPS indique la route, suivons-le.
Le soir commence à tomber, les couleurs deviennent belles. Par chance, les abords de la route se dégagent et au fond la Tamar Valley s’illumine de mille feux. Finalement notre obstination a payé, et cette promenade atypique nous permet de revenir avec de beaux paysages au fond des yeux. La sortie du parc n’est pas loin, il est temps de rentrer à Launceston.
Et là, la barrière.
Jaune et noire, métallique, fermée par un solide cadenas, une barrière coupe la route. Le GPS, têtu, nous demande de continuer. La barrière n’est pas du même avis. Comme rebondissement pour nos aventures dans le Narawntachose, cette barrière est exactement ce qu’il nous fallait. Après l’incrédulité, c’est de nouveau le comique de la situation qui reprend le dessus. Au moins le moral est au beau fixe. La suite est classique. Demi-tour, route dans l’autre sens, Batman Bridge, Launceston. La musique du retour est un mélange de Danny Elfman (Les Noces Funèbres, L’Etrange Noël de Monsieur Jack), Jason Mraz, David et Jonathan (Est-ce que tu viens pour les vacances). Eclectisme, éclectisme.

mercredi 17 septembre 2014

Tasmanie - mardi 25 mars - 4e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce quatrième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : la route vers Launceston (Maguy s'est trompée dans le titre), l'œuf cosmique, Binalong Bay, St Columba falls et Launceston


Nous quittons Bicheno par ce beau matin de mars. Nous laissons derrière nous la meilleure boulangerie de l’île, les pingouins, la marine nationale, et mes lunettes de soleil. En tout cas c’est ce que je crois même si en rappelant l’auberge ils n’ont rien trouvé. Les pingouins peut-être.
L’étape du jour nous conduit vers Launceston, la ville du nord, sa vallée, ses promenades à vélo. Euh non, pas à vélo d’accord on oublie. Merci. Il y a un peu de route auparavant, que nous décidons de faire durer le plus possible le long de la côte. Elle est belle cette côte est de Tasmanie. Le sable blanc et l’eau bleue invitent à des pauses promenades. Et d’ailleurs, nous en faisons.
Lors d’un arrêt en fin de matinée, nous descendons sur une plage occupée uniquement par un pêcheur. Un pêcheur immobile, pensif face à l’étendue sans fin devant lui. Il regarde vers l’avenir, vers l’horizon. Il n’a pas l’esprit où il est. Est-il seulement conscient de notre présence. Nous en doutons et nous ôtons nos chaussures pour déambuler un peu plus loin. Ce n’est pas la plage qui manque.
La pause de midi se fait dans le petit village de St Helens, qui sera notre dernier contact avec l’océan avant de nous enfoncer dans les terres. Il y a un port, il y a un espace pour pique-niquer. Et il y a un œuf cosmique.
L’œuf cosmique est une œuvre d’environ deux mètres de haut, ovoïde comme il se doit. Il est recouvert de petits carreaux formant une mosaïque qui s’est abîmée avec le temps au point d’avoir perdu un tiers de sa surface. Et surtout, il y a une inscription.

Œuf cosmique & capsule temporelle
Ce projet a été conçu et coordonné par l’artiste Lucy Lewadowsky
Capsule temporelle à ouvrir lors de l’Australian Day en 2026
Ca donne envie de revenir dans 12 ans.
Nous ne nous attardons pas et nous continuons à pieds vers une curiosité locale : le paradis des oiseaux. L’embouchure d’une rivière qui se jette dans la baie de St Helens abrite des oiseaux dont le nom est indiqué en australien sur l’indispensable panneau à l’approche du point de vue. Ceci dit c’est décevant. L’endroit n’est pas facile d’accès (la boue est humide et profonde), et la seule espèce visible est le cygne noir (certes en grande quantité). Nous ne nous attardons pas en revenons à l’automobile. Nous reprenons la route.
Avec le grand trajet du jour et en prévision de ceux qui suivront, Maguy a branché son téléphone sur l’autoradio afin de profiter de la musique qu’il recèle. Mais voilà, le câble de connexion n’est pas un vrai, c’est une copie achetée chez le chinois. Et la copie est fournie avec l’option faux-contact. Et quand le faux-contact survient, la liste de lecture revient au début. J’aime bien Jerry Lee Lewis, et pas uniquement parce qu’il a chanté Great Balls of Fire qui est dans Top Gun, un film avec des avions qui vont vite et qui passent au raz de la tour. Non pas que. Mais depuis ce jour, j’ai beaucoup de mal avec la chanson « Secret Places », qui pour une raison inconnue s’est retrouvée affublée du titre « A » dans le téléphone, et qui donc revient régulièrement à nos oreilles au moindre cahot.
La route passe par St Columba Falls. Ce n’est pas un hasard, nous les avions repérées sur le guide et prévu le détour adéquat. Un parking, un chemin balisé, des panneaux explicatifs de la flore. La Tasmanie. Sac au dos et chaussés de nos plus belles chaussures de randonnée, nous vérifions le plein d’eau et de vivres en chocolat. C’est parti on va se dégourdir les jambes. Le chemin commence par une descente, au loin des randonneurs remontent la pente. Ils sont une dizaine, probablement sexagénaires, sandales aux pieds, sans sac. Nous revoyons immédiatement notre estimation de difficulté de cette promenade. L’arche à l’entrée annonçait une trentaine de minutes, je pense que ce sera plutôt 15.
Avant les chutes, le sentier s’enfonce dans la rainforest, que Maguy m’annonçait avec enthousiasme depuis un moment déjà. Les arbres et les fleurs qu’on y croise sont particuliers. Il y a un comme un air de jungle dans ces grandes feuilles tombantes et cette fraîche humidité. Enfin je vous dis ça sans avoir jamais le pied dans la jungle. Les chutes en elles-mêmes n’ont que peu d’intérêt, mais la promenade valait l’arrêt.
En repartant nous traversons des paysages plus familiers, que Maguy qualifie de basques et que j’imagine normands. Dans le virage d’une route, un porc-épic traverse la chaussée. La route est déserte, nous en profitons pour ralentir puis stopper, regarder puis photographier l’animal. Pas d’horaire, pas de plan de route précis, nous avançons à la vitesse de ce qui s’offre à nous.
A Launceston, nous nous garons le long d’un trottoir interdit au stationnement en face de la maison hantée qui sera notre gîte pour la nuit. Ou pour deux en fait car nous reviendrons demain soir. L’Arthouse est une grande maison le long de North Esk River et la personne à l’accueil nous confirme que nous n’aurons pas de PV pour notre stationnement illicite : ils n’ont jamais été embêté, principalement grâce au fait que la grande rue est large et bordée un terrain inoccupé. La clé du dortoir mixte en poche, nous montons installer nos affaires. Au premier coup d’œil, on reconnaît une auberge backpackers de ville par rapport à une de village. Dans une ville, les gens restent plusieurs jours, et donc ils s’installent un peu. Et c’est le bazar (le mot est faible) dans les chambres. Vêtements épars, lits défaits, sacs répandus sur le sol. Au dernier étage, notre chambre est également très chaude. J’imagine que le débat fenêtre ouverte / fenêtre fermée fait rage et qu’à la fin personne ne gagne. On étouffe. Pour le moment ce n’est pas important, nous nous douchons et nous nous préparons à sortir. Ce soir c’est pub.
Le gars de l’accueil nous montre les pubs les plus proches sur le plan, et le meilleur selon lui plus loin en ville. Nous partons pour le pub de la rue voisine. Nous sommes en fin d’après-midi, le pub est vide. Au pub suivant, même résultat. Un regard entre nous et nous décidons que l’abandon n’est pas au programme, on veut notre bière et notre burger ! C’est parti pour le centre ville. Tu te souviens de l’adresse qu’il a donnée ? Non pas vraiment, mais il fallait passer le pont, avancer deux rues puis à droite. Sur Washington Street ? On avance, on profite un peu du centre ville pas encore obscurci par la nuit tombante. Arrivés sur Wellington St (ah oui, Wellington et pas Washington), nous nous sentons plus près. Un coup d’œil au téléphone et à la carte de la ville, nous ne sommes plus loin. L’Irish Murphy’s nous aura fait un peu tourner et beaucoup marcher, mais il a l’air tout à fait correct. La devanture en bois, l’intérieur sombre, des tonneaux pour table, une scène, et un concert tous les soirs. A cette heure nous sommes seuls, mais nous commandons nos pintes.
Sur la scène, une batterie, un pupitre, et une ardoise qui annonce le début pour 21h. Nous avons le temps. Le temps d’appeler en France ou d’envoyer des messages. Le temps de finir la bière tranquillement, le temps de commander et de bien entamer nos hamburgers et leurs frites.
Le musicien chanteur guitariste s’installe. Il est seul, il est jeune, il a une belle voix mais le plus surprenant c’est l’image. Chaque prononciation de syllabe s’accompagne d’une grimace qui met en jeu tant de muscles de son visage qu'il en devient grimaçant. Le pub s’est peuplé de consommateurs assis au bar et qui tournent donc le dos à la scène. A notre tonneau nous sommes les seuls à écouter et à regarder l’artiste.
Nous sommes les seuls à applaudir. Et comme il s’en aperçoit, la soirée se transforme en concert privé, il demande nos prénoms, nous acclamons ce concert qu’il ne semble donner que pour nous. Pas jusqu’au bout cependant, car la fatigue nous rattrape. Retour dans nos lits, il fait chaud comme prévu. Ce ne serait pas la voiture des chinois qui est garée devant la nôtre ?

mardi 16 septembre 2014

Tasmanie - lundi 24 mars - 3e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce troisième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Freycinet.


Le programme du jour est composé d’une visite de la presqu’île de Freycinet, son parc national, ses plages, ses chemins de randonnée. Mais la force du marcheur volontaire ne prend pas le pas sur le besoin de repos du vacancier en vadrouille. La journée commence donc par une grasse matinée, et un petit déjeuner à la boulangerie d’à côté. A Bicheno, la boulangerie est lauréate de nombreux prix pour son pain depuis plusieurs années. Et leurs œufs au bacon ne sont pas mal non-plus. On est quand même mieux armés pour l’aventure après un bon petit déjeuner. Avant de quitter l’auberge, nous réservons nos places pour le soir. Le parc de Freycinet n’est pas loin et Bicheno est accueillant, nous avons envie d’y passer une seconde nuit. Un petit détour par l’accueil de l’auberge pour réserver la nuit suivante, et nous voilà en route dans la turbo automobile de location.
L’entrée du parc n’est pas très loin. Déjà quelques kilomètres avant le parking obligatoire pour les véhicules, on sent l’ambiance monter. Freycinet étant une presqu’île, la bande de terre qui borde la route se rétrécit et laisse apercevoir l’eau. Elle est bleue, il fait beau. Devant nous, un camion soulève la poussière par tonnes de la route qui est de moins en moins goudronnée et de plus en plus en terre. Les fumées d’hydrocarbure qui sortent de son échappement contrastent avec la nature calme et préservée aux alentours.
Première pause à l’accueil. Nous y achetons un macaron pour circuler avec la voiture jusqu’au parking pour la journée, et des entrées. Non, pas le pass « semaine » car il n’est rentable qu’au bout de 3 parcs, et nous ne sommes pas sûrs d’arriver jusque là. La dame au comptoir nous explique les différents circuits possibles, de 30 minutes à plusieurs jours. Nous qui sommes des sportifs « moyens », avec une bonne volonté mais un entraînement sommaire, nous vison les circuits à la demi-journée. Le tour de la première partie du parc, en longeant les côtes est et ouest, nous paraît tout à fait adapté. La durée annoncée est de 5 heures. Parfait.
Sur le parking, un wallaby sautille entre deux voitures. Aussi peureux qu’un pigeon parisien, il se laisse tenter par un trognon de pomme que j’avais justement dans sa poche parce qu’il faut toujours en avoir un sur soi. La bête se laisse caresser sans se laisser distraire de son repas. Je suis ravi.
Le sac au dos et la casquette sur la tête, nous attaquons le trajet d’un bon pas. Ah ça, on en double du retraité ou du touriste qui croit que la marche c’est reposant ! Nous on veut du paysage, de la mer, des étendues vertes-z-et bleus à perte de vue. Alors quand le chemin serpente au milieu des arbres eucalyptussiens, on trace. C’est d’autant plus facile que comme partout, le parcours est clair, tracé et nettoyé de toute embûche. C’est à peine si on arrive à trouver un caillou de temps en temps pour se prendre les pieds dedans. Et en cas de déséquilibre, il y a toujours une rambarde pour se rattraper. Le confort tasmanien.
Première halte en surplomb de la première plage : Wyneglass Bay. Le lagon fait immédiatement penser aux îles sauvages et paradisiaques que nous vend l’imagerie fictionnesque : eau bleue, sable blanc, arbres verts. Et au milieu, le bateau des pirates. Ah non, c’est un bateau de l’armée de mer. Moins sexy mais tout aussi guerrier. On se demande ce qu’il fait là mais il ne restera pas longtemps.
Nous reprenons le sentier vers le bas et vers la plage. Nous commençons à nous apercevoir que les trajets indiqués 30 minutes durent plutôt 20. Qui c’est les rois de la marche à pied ? Arrivés sur le sable blanc, c’est la pause obligatoire. Ce qui attire immédiatement l’attention sur cette magnifique et immense plage, c’est l’absence de foule. Ca fait plaisir de ne pas avoir des enfants qui crient, des parasols tous les 5 mètres, des gros musclés tout couverts d’huile. La localisation en plein milieu du parc national rend cette plage encore plus belle. La même à 5 minutes du centre ville de Melbourne, et on ne l’aurait peut-être même pas appréciée.
Et puis il y a des dauphins. Alignés au bord de l’eau, une petite neuvaine de grands jeunes regarde le dixième qui nage vers le large en direction d’ailerons que nous espérons êtres ceux de mammifères. N’y a-t-il pas également des crocodiles d’eau salée ? Bon normalement c’est au nord de l’Australie mais on ne sait jamais. Heureusement le nageur agite ses deux bras vers la plage pour signifier sa joie et le fait qu’il les a toujours. Ce sont bien des dauphins.
Après Wyneglass Bay qui se trouve sur la rive est, nous devons traverser les terres pour rejoindre la côte ouest de la presqu’île. Je pourrais essayer de vous effrayer en annonçant qu’il nous faut pour cela marcher au travers de marais, mais même les marais sont pavés. Un cheminement de planches nous guide à travers l’obstacle qui n’en est finalement pas un.
La traversée est courte et la nouvelle plage est belle mais pas tant. Ce qui est bien en revanche c’est que cette fois le chemin passe par la plage. Nous avons donc le droit de longer l’eau pour avancer dans notre direction. C’est déjà la direction du retour, nous avons fait plus de la moitié. Peut-être même qu’il ferait faim ? L’extrémité nord de la plage est composée de beaux rochers rouges drainés par une eau qui n’est pas aussi bleue quand le ciel ne s’y reflète pas. Et de (très) petites moules. Midi vient à peine de passer, nous n’avons pas vraiment faim et nous décidons de continuer. Nous avons tort.
Le chemin s’éloigne de la plage et s’enfonce dans une forêt d’arbre morts, ou secs. On se croirait dans les Noces Funèbres de Tim Burton, ou dans Sleepy Hollow. La nuit en moins dans les deux cas. Car il fait bien jour et dès que nous sortons du couvert des arbres, l’astre du jour tape.
Au bout d’un moment il commence à faire faim mais nous n’arrivons pas à trouver le coin pique-nique qui va bien : à l’ombre et avec une belle vue. Nous ne trouvons le bon endroit que très peu de temps avant la voiture. Il y a un banc, c’est à l’ombre, et tant pis pour la vue. Un couple de trois touristes s’assoit non loin de nous pour une pause. La plus jeune arrive, fait sa pause et repart avec le nez dans sa tablette en jouant à Candy Crush. Passionnante randonnée je suis sûr.
Avec la voiture, nous faisons un détour par une extrémité du parc qui présente un autre point de vue intéressant et un phare sur ce point de vue. La route est étonnamment en mauvais état. Mais en mauvais état à un point que nous fredonnons le génétique de Mission: impossible dans la voiture en slalomant entre les crevasses et les engins de chantier qui tentent de corriger la situation. Puis c’est le retour vers la belle Bicheno. Pour passer le temps de trajet, nous commençons le conte Bête et Méchant d’Oldelaf. Un conte musical évidemment, avec des chats karatékas.
Après l’inévitable apéro sur la plage, nous décidons ce soir de prendre notre repas en intérieur pour limiter celui des moustiques. Quand nous quittons la plage il fait nuit. Et c’est à ce moment qu’à Bicheno il est possible d’apercevoir un animal intéressant : le touriste chasseur de pingouin. Le touriste chasseur de pingouin est habillé contre le froid, il avance doucement à pas feutrés et il chuchote en vous croisant : « vous avez vu des pingouins ? » Comme nous n’en avons pas vu, il continue en silence. Nous croiserons plusieurs touristes chasseurs de pingouins sur la plage et aux alentours. Heureusement ils ne chassent que le coup d’œil. L’animal n’a rien à craindre, si jamais il se montre. Il nous semble bien qu’un des couples croisés sur la plage est le couple de chinois qui a dormi en même temps que nous à Eaglehawk. La soirée se termine dans l’auberge backpackers, avec un repas aux nouilles asiatiques, qui sont encore meilleures quand elles sont tombées dans l’évier lors de l’égouttage. Garanti.