lundi 22 septembre 2014

Tasmanie - mercredi 26 mars - 5e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce cinquième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Georges Town et Narawntapu National Park


Aujourd’hui, nous avons prévu de descendre la Tamar Valley jusqu’au bout sur une rive, puis de traverser et de revenir par l’autre. Les étapes intermédiaires ne sont pas bien définies, on verra. Ayant mis mon réveil, je me lève et essaie de réveiller ma voisine du dessous sans alerter toute la chambre pour qui la grasse matinée semble devoir durer jusqu’à midi. En réaction à ma pression de la main sur son épaule, Maguy bondit, son cœur accélère à 180 et son regard foudroyant tente de m’expliquer sans mot que je ne devrai plus jamais faire ça. Puis le même message arrive avec des mots. Je pars me cacher dans un trou de souris.
Le calme revenu, nous descendons petit-déjeuner. La cuisine commune est à l’image des chambres. Nous en profitons pour négocier un changement d’étage afin de diminuer la température lors de la prochaine nuit. Nous ne serons plus dans la même chambre mais la requête est acceptée. Dans la salle du petit déjeuner, nous retrouvons comme soupçonné le couple d’asiatiques qui nous suit (correction : qui fait le même parcours que nous) depuis Eaglehawk.
En route.
Le début de la route n’est pas des plus pittoresques, et il fait gris. Les plages d’azur et l’eau nacrée nous manquent déjà. Heureusement, les aires d’autoroute sont toujours judicieusement placées pour surplomber la vallée avec un point de vue délicatement choisi. Et il ne pleut pas.
Nous passons le Batman Bridge, qui nous donne l’occasion de nous poser la question de ce monsieur Batman. La première fois que vous voyez une Batman Street ou un Batman Square en Australie, vous vous dites que les australiens ont de l’humour et qu’ils sont moins complexés que les européens pour nommer un lieu officiel comme un personnage de fiction moderne. Au bout de deux ou trois occurrences, vous commencez à trouver ça louche. Et en voyant le Batman Bridge, c’est là que le louche a pris le dessus sur l’amusant.
John Batman est en fait un pionnier australien des débuts de la colonisation. Connu principalement autour de Melbourne dont il a fondé l’état de Victoria, il sert de prétexte à divers lieux touristiques qui indiquent fièrement que Batman a fait pipi ici. Aucun rapport avec Bruce donc.
Après avoir longé la rive gauche et traversé le bat-pont, nous faisons une pause à Georges Town. L’office de tourisme à l’entrée nous remet un plan de la ville et des curiosités locales. La première est derrière nous, et nous faisons donc demi-tour afin de monter vers le promontoire qui permet d’apercevoir la vallée jusqu’à l’Océan au nord, Georges Town au milieu.
Imaginez-vous Georges Town comme un village balnéaire de la côte d’azur. La population y est âgée (nous y reviendrons), le tourisme est le seul moyen d’attirer du monde et de l’argent, sans compter les retraites des pensionnaires bien sûr. Les rues ne sont pas très animées alors que nous sommes en milieu de matinée. Les curiosités locales n’ont rien de bien extraordinaire. Et sur le promontoire qui domine l’agglomération, un panneau : business is booming.
Eclats de rire. Difficile d’imaginer Georges Town comme le bassin de l’emploi en Tasmanie.
Pour nous remettre de nos émotions et comme nous n’avons pas encore pris notre café, nous avançons de quelques curiosités architecturales de peu d’intérêt et nous stoppons au Signature Café. La petite échoppe toute en longueur a la particularité d’avoir tous ses murs recouverts de messages laissés par les visiteurs. On y voit de nombreuses langues dont du français. Quelques dessins. Les cappuccinos sont bus principalement en silence, nos yeux parcourant les murs. Nous n’écrivons rien et nous reprenons notre marche.
Au bout du bout de Georges Town, il y a un phare. Après le phare, un bout de terre soufflé par le vent et couvert de végétation semi-marine. Le soir on peut y apercevoir des pingouins, mais il est midi. Nous avançons tout de même jusqu’au bout afin de marquer le point le plus loin au nord de notre voyage. En face de nous, invisible, Melbourne est normalement toujours là. L’immensité de l’océan vis-à-vis de notre petite taille invite à réfléchir sur notre condition mais nous préférons penser à notre estomac. Il est midi disais-je.
Il fait toujours gris et nous trouvons une aire de pique-nique le long de la plage, juste avant les maisons de retraite. Par un souci de sécurité qui les honore, les habitants ont ajouté une signalisation qui permet aux automobilistes d’être avertis des dangers inhérents à la présence de vieux dans les rues. Des panneaux « AGED » encadrent les résidences associées, on ne peut pas les rater.
Sur notre plage, nous reprenons nos boîtes de thon et nos carottes crues. Le vent n’est pas trop fort et les vagues ne sont pas hautes. Et puis il y a Fangio. Fangio est le surnom que nous donnons à cet homme en fauteuil roulant électrique qui avance sur la plage de toute la vitesse de son moteur. Fangio commence sa course quand nous sortons les victuailles du sac. A l’ouverture des boîtes de thon, Fangio passe à notre hauteur. Nous nous levons pour acclamer l’arrivée de Fangio à l’autre extrémité, et pour repartir. Notre repas est fini, Fangio a fait une belle course. Il n’a pas l’air malheureux. Il n’a pas l’air pressé non-plus.
Nous repassons en ville afin de finir notre tour des maisons typiques de Georges Town. Le plus typique est peut-être le parc du centre ville. Bien aménagé, il est équipé de machines de sport comme dans les salles du même nom. La particularité vient des dessins qui expliquent comment s’en servir. Les hommes sont en pantalon à pli, dans des chaussures de ville et en bras de chemisette. Leur visage porte les marques de dizaines d’année de pratique. Alors le bassin de l’emploi…

Tribut aux hommes qui ont posé le télégraphe au fond de l'océan. Bois sculpté à la tronçonneuse.

En repartant vers Launceston, il nous reste du temps pour une escapade en dehors de la ville. Comme nous n’avons pas trop marché, nous repérons un parc national non-loin de là, qui sera une bonne occasion de nous dégourdir les jambes.
Erreur.
Le Narawntatruc National Park a un nom difficile à retenir et est mal indiqué sur la carte. C’est un premier indice. Quand on s’en approche, les routes sont de plus en plus mauvaises, les panneaux indicateurs sont inexistants, la cabane du garde à l’entrée n’existe pas. Autres indices.
N’écoutant que notre courage (et doc ignorant tous les indices) nous rétrogradons en seconde et nous avançons, bien décidés à trouver un joli point de vue ou un sentier agréable.
Mais plus le temps passe, plus les kilomètres sont avalés, plus on est moins sûrs de nous. Le bon point c’est que le GPS reconnaît la route sur laquelle nous sommes. Même quand elle monte fort. Même quand elle n’est ni pavée, ni goudronnée, ni cailloutée. A un embranchement, un panneau nous indique une fire tower, substantif qui ne nous aide pas mais qui donne toujours un objectif à notre ballade en forêt. Nous continuons. A l’occasion d’un large virage qui nous permet de garer l’auto, nous descendons du véhicule et tentons de suivre des traces de pneus dans les fourrés. Le chemin n’est pas bien balisé et on se demande même si le chemin du retour sera facile à retrouver. Maguy a le sens de l’orientation, ça me suffit. Mais après 10 minutes de marche, nous ne débouchons sur rien, nous n’arrivons toujours pas à voir à travers la végétation alors que nous savons que nous ne sommes sur une colline avec forcément un point de vue élevé. Nous abandonnons, un peu déçus. Dans ce genre de situation, presque perdus en forêt, promenade sans intérêt avec rien à voir, la nuit qui tombe, la boue sur les chaussures… il serait facile de tomber dans le désespoir et la morosité. Mais non. Le comique de la situation nous redonne des ailes et c’est de bonne humeur que nous décidons d’aller au bout de notre connerie. Puisque nous sommes déjà en plein milieu du parc, autant le traverser. Le GPS indique la route, suivons-le.
Le soir commence à tomber, les couleurs deviennent belles. Par chance, les abords de la route se dégagent et au fond la Tamar Valley s’illumine de mille feux. Finalement notre obstination a payé, et cette promenade atypique nous permet de revenir avec de beaux paysages au fond des yeux. La sortie du parc n’est pas loin, il est temps de rentrer à Launceston.
Et là, la barrière.
Jaune et noire, métallique, fermée par un solide cadenas, une barrière coupe la route. Le GPS, têtu, nous demande de continuer. La barrière n’est pas du même avis. Comme rebondissement pour nos aventures dans le Narawntachose, cette barrière est exactement ce qu’il nous fallait. Après l’incrédulité, c’est de nouveau le comique de la situation qui reprend le dessus. Au moins le moral est au beau fixe. La suite est classique. Demi-tour, route dans l’autre sens, Batman Bridge, Launceston. La musique du retour est un mélange de Danny Elfman (Les Noces Funèbres, L’Etrange Noël de Monsieur Jack), Jason Mraz, David et Jonathan (Est-ce que tu viens pour les vacances). Eclectisme, éclectisme.

mercredi 17 septembre 2014

Tasmanie - mardi 25 mars - 4e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce quatrième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : la route vers Launceston (Maguy s'est trompée dans le titre), l'œuf cosmique, Binalong Bay, St Columba falls et Launceston


Nous quittons Bicheno par ce beau matin de mars. Nous laissons derrière nous la meilleure boulangerie de l’île, les pingouins, la marine nationale, et mes lunettes de soleil. En tout cas c’est ce que je crois même si en rappelant l’auberge ils n’ont rien trouvé. Les pingouins peut-être.
L’étape du jour nous conduit vers Launceston, la ville du nord, sa vallée, ses promenades à vélo. Euh non, pas à vélo d’accord on oublie. Merci. Il y a un peu de route auparavant, que nous décidons de faire durer le plus possible le long de la côte. Elle est belle cette côte est de Tasmanie. Le sable blanc et l’eau bleue invitent à des pauses promenades. Et d’ailleurs, nous en faisons.
Lors d’un arrêt en fin de matinée, nous descendons sur une plage occupée uniquement par un pêcheur. Un pêcheur immobile, pensif face à l’étendue sans fin devant lui. Il regarde vers l’avenir, vers l’horizon. Il n’a pas l’esprit où il est. Est-il seulement conscient de notre présence. Nous en doutons et nous ôtons nos chaussures pour déambuler un peu plus loin. Ce n’est pas la plage qui manque.
La pause de midi se fait dans le petit village de St Helens, qui sera notre dernier contact avec l’océan avant de nous enfoncer dans les terres. Il y a un port, il y a un espace pour pique-niquer. Et il y a un œuf cosmique.
L’œuf cosmique est une œuvre d’environ deux mètres de haut, ovoïde comme il se doit. Il est recouvert de petits carreaux formant une mosaïque qui s’est abîmée avec le temps au point d’avoir perdu un tiers de sa surface. Et surtout, il y a une inscription.

Œuf cosmique & capsule temporelle
Ce projet a été conçu et coordonné par l’artiste Lucy Lewadowsky
Capsule temporelle à ouvrir lors de l’Australian Day en 2026
Ca donne envie de revenir dans 12 ans.
Nous ne nous attardons pas et nous continuons à pieds vers une curiosité locale : le paradis des oiseaux. L’embouchure d’une rivière qui se jette dans la baie de St Helens abrite des oiseaux dont le nom est indiqué en australien sur l’indispensable panneau à l’approche du point de vue. Ceci dit c’est décevant. L’endroit n’est pas facile d’accès (la boue est humide et profonde), et la seule espèce visible est le cygne noir (certes en grande quantité). Nous ne nous attardons pas en revenons à l’automobile. Nous reprenons la route.
Avec le grand trajet du jour et en prévision de ceux qui suivront, Maguy a branché son téléphone sur l’autoradio afin de profiter de la musique qu’il recèle. Mais voilà, le câble de connexion n’est pas un vrai, c’est une copie achetée chez le chinois. Et la copie est fournie avec l’option faux-contact. Et quand le faux-contact survient, la liste de lecture revient au début. J’aime bien Jerry Lee Lewis, et pas uniquement parce qu’il a chanté Great Balls of Fire qui est dans Top Gun, un film avec des avions qui vont vite et qui passent au raz de la tour. Non pas que. Mais depuis ce jour, j’ai beaucoup de mal avec la chanson « Secret Places », qui pour une raison inconnue s’est retrouvée affublée du titre « A » dans le téléphone, et qui donc revient régulièrement à nos oreilles au moindre cahot.
La route passe par St Columba Falls. Ce n’est pas un hasard, nous les avions repérées sur le guide et prévu le détour adéquat. Un parking, un chemin balisé, des panneaux explicatifs de la flore. La Tasmanie. Sac au dos et chaussés de nos plus belles chaussures de randonnée, nous vérifions le plein d’eau et de vivres en chocolat. C’est parti on va se dégourdir les jambes. Le chemin commence par une descente, au loin des randonneurs remontent la pente. Ils sont une dizaine, probablement sexagénaires, sandales aux pieds, sans sac. Nous revoyons immédiatement notre estimation de difficulté de cette promenade. L’arche à l’entrée annonçait une trentaine de minutes, je pense que ce sera plutôt 15.
Avant les chutes, le sentier s’enfonce dans la rainforest, que Maguy m’annonçait avec enthousiasme depuis un moment déjà. Les arbres et les fleurs qu’on y croise sont particuliers. Il y a un comme un air de jungle dans ces grandes feuilles tombantes et cette fraîche humidité. Enfin je vous dis ça sans avoir jamais le pied dans la jungle. Les chutes en elles-mêmes n’ont que peu d’intérêt, mais la promenade valait l’arrêt.
En repartant nous traversons des paysages plus familiers, que Maguy qualifie de basques et que j’imagine normands. Dans le virage d’une route, un porc-épic traverse la chaussée. La route est déserte, nous en profitons pour ralentir puis stopper, regarder puis photographier l’animal. Pas d’horaire, pas de plan de route précis, nous avançons à la vitesse de ce qui s’offre à nous.
A Launceston, nous nous garons le long d’un trottoir interdit au stationnement en face de la maison hantée qui sera notre gîte pour la nuit. Ou pour deux en fait car nous reviendrons demain soir. L’Arthouse est une grande maison le long de North Esk River et la personne à l’accueil nous confirme que nous n’aurons pas de PV pour notre stationnement illicite : ils n’ont jamais été embêté, principalement grâce au fait que la grande rue est large et bordée un terrain inoccupé. La clé du dortoir mixte en poche, nous montons installer nos affaires. Au premier coup d’œil, on reconnaît une auberge backpackers de ville par rapport à une de village. Dans une ville, les gens restent plusieurs jours, et donc ils s’installent un peu. Et c’est le bazar (le mot est faible) dans les chambres. Vêtements épars, lits défaits, sacs répandus sur le sol. Au dernier étage, notre chambre est également très chaude. J’imagine que le débat fenêtre ouverte / fenêtre fermée fait rage et qu’à la fin personne ne gagne. On étouffe. Pour le moment ce n’est pas important, nous nous douchons et nous nous préparons à sortir. Ce soir c’est pub.
Le gars de l’accueil nous montre les pubs les plus proches sur le plan, et le meilleur selon lui plus loin en ville. Nous partons pour le pub de la rue voisine. Nous sommes en fin d’après-midi, le pub est vide. Au pub suivant, même résultat. Un regard entre nous et nous décidons que l’abandon n’est pas au programme, on veut notre bière et notre burger ! C’est parti pour le centre ville. Tu te souviens de l’adresse qu’il a donnée ? Non pas vraiment, mais il fallait passer le pont, avancer deux rues puis à droite. Sur Washington Street ? On avance, on profite un peu du centre ville pas encore obscurci par la nuit tombante. Arrivés sur Wellington St (ah oui, Wellington et pas Washington), nous nous sentons plus près. Un coup d’œil au téléphone et à la carte de la ville, nous ne sommes plus loin. L’Irish Murphy’s nous aura fait un peu tourner et beaucoup marcher, mais il a l’air tout à fait correct. La devanture en bois, l’intérieur sombre, des tonneaux pour table, une scène, et un concert tous les soirs. A cette heure nous sommes seuls, mais nous commandons nos pintes.
Sur la scène, une batterie, un pupitre, et une ardoise qui annonce le début pour 21h. Nous avons le temps. Le temps d’appeler en France ou d’envoyer des messages. Le temps de finir la bière tranquillement, le temps de commander et de bien entamer nos hamburgers et leurs frites.
Le musicien chanteur guitariste s’installe. Il est seul, il est jeune, il a une belle voix mais le plus surprenant c’est l’image. Chaque prononciation de syllabe s’accompagne d’une grimace qui met en jeu tant de muscles de son visage qu'il en devient grimaçant. Le pub s’est peuplé de consommateurs assis au bar et qui tournent donc le dos à la scène. A notre tonneau nous sommes les seuls à écouter et à regarder l’artiste.
Nous sommes les seuls à applaudir. Et comme il s’en aperçoit, la soirée se transforme en concert privé, il demande nos prénoms, nous acclamons ce concert qu’il ne semble donner que pour nous. Pas jusqu’au bout cependant, car la fatigue nous rattrape. Retour dans nos lits, il fait chaud comme prévu. Ce ne serait pas la voiture des chinois qui est garée devant la nôtre ?

mardi 16 septembre 2014

Tasmanie - lundi 24 mars - 3e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce troisième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Freycinet.


Le programme du jour est composé d’une visite de la presqu’île de Freycinet, son parc national, ses plages, ses chemins de randonnée. Mais la force du marcheur volontaire ne prend pas le pas sur le besoin de repos du vacancier en vadrouille. La journée commence donc par une grasse matinée, et un petit déjeuner à la boulangerie d’à côté. A Bicheno, la boulangerie est lauréate de nombreux prix pour son pain depuis plusieurs années. Et leurs œufs au bacon ne sont pas mal non-plus. On est quand même mieux armés pour l’aventure après un bon petit déjeuner. Avant de quitter l’auberge, nous réservons nos places pour le soir. Le parc de Freycinet n’est pas loin et Bicheno est accueillant, nous avons envie d’y passer une seconde nuit. Un petit détour par l’accueil de l’auberge pour réserver la nuit suivante, et nous voilà en route dans la turbo automobile de location.
L’entrée du parc n’est pas très loin. Déjà quelques kilomètres avant le parking obligatoire pour les véhicules, on sent l’ambiance monter. Freycinet étant une presqu’île, la bande de terre qui borde la route se rétrécit et laisse apercevoir l’eau. Elle est bleue, il fait beau. Devant nous, un camion soulève la poussière par tonnes de la route qui est de moins en moins goudronnée et de plus en plus en terre. Les fumées d’hydrocarbure qui sortent de son échappement contrastent avec la nature calme et préservée aux alentours.
Première pause à l’accueil. Nous y achetons un macaron pour circuler avec la voiture jusqu’au parking pour la journée, et des entrées. Non, pas le pass « semaine » car il n’est rentable qu’au bout de 3 parcs, et nous ne sommes pas sûrs d’arriver jusque là. La dame au comptoir nous explique les différents circuits possibles, de 30 minutes à plusieurs jours. Nous qui sommes des sportifs « moyens », avec une bonne volonté mais un entraînement sommaire, nous vison les circuits à la demi-journée. Le tour de la première partie du parc, en longeant les côtes est et ouest, nous paraît tout à fait adapté. La durée annoncée est de 5 heures. Parfait.
Sur le parking, un wallaby sautille entre deux voitures. Aussi peureux qu’un pigeon parisien, il se laisse tenter par un trognon de pomme que j’avais justement dans sa poche parce qu’il faut toujours en avoir un sur soi. La bête se laisse caresser sans se laisser distraire de son repas. Je suis ravi.
Le sac au dos et la casquette sur la tête, nous attaquons le trajet d’un bon pas. Ah ça, on en double du retraité ou du touriste qui croit que la marche c’est reposant ! Nous on veut du paysage, de la mer, des étendues vertes-z-et bleus à perte de vue. Alors quand le chemin serpente au milieu des arbres eucalyptussiens, on trace. C’est d’autant plus facile que comme partout, le parcours est clair, tracé et nettoyé de toute embûche. C’est à peine si on arrive à trouver un caillou de temps en temps pour se prendre les pieds dedans. Et en cas de déséquilibre, il y a toujours une rambarde pour se rattraper. Le confort tasmanien.
Première halte en surplomb de la première plage : Wyneglass Bay. Le lagon fait immédiatement penser aux îles sauvages et paradisiaques que nous vend l’imagerie fictionnesque : eau bleue, sable blanc, arbres verts. Et au milieu, le bateau des pirates. Ah non, c’est un bateau de l’armée de mer. Moins sexy mais tout aussi guerrier. On se demande ce qu’il fait là mais il ne restera pas longtemps.
Nous reprenons le sentier vers le bas et vers la plage. Nous commençons à nous apercevoir que les trajets indiqués 30 minutes durent plutôt 20. Qui c’est les rois de la marche à pied ? Arrivés sur le sable blanc, c’est la pause obligatoire. Ce qui attire immédiatement l’attention sur cette magnifique et immense plage, c’est l’absence de foule. Ca fait plaisir de ne pas avoir des enfants qui crient, des parasols tous les 5 mètres, des gros musclés tout couverts d’huile. La localisation en plein milieu du parc national rend cette plage encore plus belle. La même à 5 minutes du centre ville de Melbourne, et on ne l’aurait peut-être même pas appréciée.
Et puis il y a des dauphins. Alignés au bord de l’eau, une petite neuvaine de grands jeunes regarde le dixième qui nage vers le large en direction d’ailerons que nous espérons êtres ceux de mammifères. N’y a-t-il pas également des crocodiles d’eau salée ? Bon normalement c’est au nord de l’Australie mais on ne sait jamais. Heureusement le nageur agite ses deux bras vers la plage pour signifier sa joie et le fait qu’il les a toujours. Ce sont bien des dauphins.
Après Wyneglass Bay qui se trouve sur la rive est, nous devons traverser les terres pour rejoindre la côte ouest de la presqu’île. Je pourrais essayer de vous effrayer en annonçant qu’il nous faut pour cela marcher au travers de marais, mais même les marais sont pavés. Un cheminement de planches nous guide à travers l’obstacle qui n’en est finalement pas un.
La traversée est courte et la nouvelle plage est belle mais pas tant. Ce qui est bien en revanche c’est que cette fois le chemin passe par la plage. Nous avons donc le droit de longer l’eau pour avancer dans notre direction. C’est déjà la direction du retour, nous avons fait plus de la moitié. Peut-être même qu’il ferait faim ? L’extrémité nord de la plage est composée de beaux rochers rouges drainés par une eau qui n’est pas aussi bleue quand le ciel ne s’y reflète pas. Et de (très) petites moules. Midi vient à peine de passer, nous n’avons pas vraiment faim et nous décidons de continuer. Nous avons tort.
Le chemin s’éloigne de la plage et s’enfonce dans une forêt d’arbre morts, ou secs. On se croirait dans les Noces Funèbres de Tim Burton, ou dans Sleepy Hollow. La nuit en moins dans les deux cas. Car il fait bien jour et dès que nous sortons du couvert des arbres, l’astre du jour tape.
Au bout d’un moment il commence à faire faim mais nous n’arrivons pas à trouver le coin pique-nique qui va bien : à l’ombre et avec une belle vue. Nous ne trouvons le bon endroit que très peu de temps avant la voiture. Il y a un banc, c’est à l’ombre, et tant pis pour la vue. Un couple de trois touristes s’assoit non loin de nous pour une pause. La plus jeune arrive, fait sa pause et repart avec le nez dans sa tablette en jouant à Candy Crush. Passionnante randonnée je suis sûr.
Avec la voiture, nous faisons un détour par une extrémité du parc qui présente un autre point de vue intéressant et un phare sur ce point de vue. La route est étonnamment en mauvais état. Mais en mauvais état à un point que nous fredonnons le génétique de Mission: impossible dans la voiture en slalomant entre les crevasses et les engins de chantier qui tentent de corriger la situation. Puis c’est le retour vers la belle Bicheno. Pour passer le temps de trajet, nous commençons le conte Bête et Méchant d’Oldelaf. Un conte musical évidemment, avec des chats karatékas.
Après l’inévitable apéro sur la plage, nous décidons ce soir de prendre notre repas en intérieur pour limiter celui des moustiques. Quand nous quittons la plage il fait nuit. Et c’est à ce moment qu’à Bicheno il est possible d’apercevoir un animal intéressant : le touriste chasseur de pingouin. Le touriste chasseur de pingouin est habillé contre le froid, il avance doucement à pas feutrés et il chuchote en vous croisant : « vous avez vu des pingouins ? » Comme nous n’en avons pas vu, il continue en silence. Nous croiserons plusieurs touristes chasseurs de pingouins sur la plage et aux alentours. Heureusement ils ne chassent que le coup d’œil. L’animal n’a rien à craindre, si jamais il se montre. Il nous semble bien qu’un des couples croisés sur la plage est le couple de chinois qui a dormi en même temps que nous à Eaglehawk. La soirée se termine dans l’auberge backpackers, avec un repas aux nouilles asiatiques, qui sont encore meilleures quand elles sont tombées dans l’évier lors de l’égouttage. Garanti.

Tasmanie - dimanche 23 mars - 2e jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce deuxième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Richmond, la route vers Bicheno et Bicheno.


Après une bonne nuit et une douche réparatrice, le petit déjeuner se fait à base de café et de Vegemite. Le programme de la journée comprend un passage par Richmond, ville historique au nord de Hobart, puis un retour sur la côte Est pour dormir à Bicheno. Mais en premier… les bières.
Nous repassons par le centre commercial de la veille. Aujourd’hui pas de voiture similaire sur le parking, ça suffat comme ci. Heureux avec notre pack de six, nous repartons vers Richmond. Le soleil est radieux, les routes sont toujours agréables et peu peuplées. Au détour d’un virage, une signalisation « attention kangourou » nous amène à une halte pour la photo touristique de rigueur, ensemble à côté du panneau. Ca c’est pour faire baver les copains, c’est fait, on devrait scorer des « j’aime » sur Facebook.
Après une petite heure de route, nous pénétrons dans Richmond et garons rapidement la voiture. Richmond ne fait finalement qu’une grande rue et de rares branches dérivées, c’est totalement walkable. Et puis c’est les vacances et même si la randonnée n’est pas notre but principal, une petite marche est toujours agréable, flânerie sous le doux soleil d’automne.
Comme tout ce qui est visitable en Tasmanie (villages, forêts, plages), Richmond est doté de panneaux indicateurs pour guider les arrivants vers les points d’intérêts. Le premier panneau qui attire notre œil à l’entrée du village est une vue de la rue principale et un simple descriptif des bâtiments d’intérêt. Un bâtiment d’intérêt peut être un vieux bâtiment à l’architecture caractéristique, un bâtiment lié à une figure historique, ou un bâtiment lié à l’histoire pénitentiaire de l’île.
Forts de ces informations, nous avançons dans Richmond, sans but précis, histoire de voir. Sur notre droite, un petit musée propose une miniature de Hobart mais le prix nous incite à faire demi-tour. Justement, le demi-tour nous met face à un café, et c’est justement l’heure de la pause. Cappuccino et mocha sont nos breuvages préférés, et chacun d’entre nous choisira l’un ou l’autre au hasard du jour et de l’humeur tout au long du voyage. La mousse de lait est agréable et elle est souvent décorée, comme ici où la serveuse nous a orné nos boissons d’une feuille d’eucalyptus. Pour les puristes qui doutent de la ressemblance avec une feuille d’eucalyptus, j’en profite pour sortir ma science et pour vous rappeler qu’il y a une vingtaine de variétés d’eucalyptus, alors vérifiez-les toutes avant de critiquer.
Pour les curieux, notons une attraction touristique à ne pas rater dans le café Ashmore où nous sommes justement ce matin : les toilettes. Pour ceux qui ne les ont pas visitées, elles resteront une petite phrase dans la mémoire, comme un regret revenu trop tard pour faire marche arrière : « tu es allé au toilettes ? Si tu y vas prends ton appareil photo ça vaut le coup ». Pas plus de détails, nous laissons le mystère.
A l’entrée de Richmond, ou à la sortie selon le point de vue adopté, la Prairie des Filtres. Ou en tout cas c’est l’image qui vient à l’esprit du toulousain qui sommeille en nous. Un pont de pierre, et en dessous coule une pelouse verdoyante bordée d’une rivière. Des volatiles à magret s’aventurent sur les berges en quête de miettes ou de doigts d’enfants. Le soleil est accueillant, le sol souple invite à la sieste ou au pique-nique. Non, il est trop tôt, nous attendrons un peu. Pour rester dans une dynamique de dynamisme, nous entamons la montée vers l’église en haut de la montagne. Colline. Butte. Après trente seconde de marche, nous arrivons enfin, fourbus et fiers du dénivelé parcouru. L’église n’a rien de bien particulier, elle est neuve et propre comme toutes les églises ici. Et elle est ouverte.
Nous revenons à l’auto et prenons la route vers Bicheno, notre destination du soir. Les routes sont toujours agréables, il faut toujours conduire à gauche merci, et les sinuosités du bitume se marient bien avec la variété des paysages. Tantôt prairies, tantôt forêts, tantôt bord de mer. Nous approchons de plus en plus de la côte est, qui sera notre lieu de vie pour quelques jours. L’océan commence à pointer son nez là au fond à droite en regardant par la fenêtre mais continue à regarder la route je te prie.
A l’heure du déjeuner, nous passons à travers la commune d’Orford, qui n’a rien d’intéressant mais sa plage. Anglicisme. Et justement, une plage pour un pique-nique, c’est tout à fait adapté. Surtout qu’en Australie, une plage ne vient jamais sans ses tables-et-bancs, son coin toilettes, ses barbecues. Dès la table choisie, les mouettes viennent s’enquérir de notre volonté de nous restaurer sur place. Et quel menu avons-nous choisi ? Et est-ce qu’elles peuvent espérer des miettes ? Et ça vous gêne si je m’installe sur le même banc que vous ? Les mouettes.
La pause est terminée, nous repartons vers d’autres chefs d’œuvre de l’art australien. Sur notre route nous en croiserons deux. Le premier est le magnifique Three Arch Bridge qui porte bien son nom mais mal son qualificatif. Après une courte marche de quelques minutes, ce pont se révèle tout petit, caché sous la route et absolument sans charme. Nous passons plus de temps à flâner digestivement sur la plage qu’à admirer l’architecture.
Un peu plus loin, c’est le célèbre Spike Bridge qui attire notre attention. Indiqué dans le guide, il sort de l’ordinaire de par son ornementation : des pics de pierre qui lui donnent son nom. Mais une fois sur place, il nous réserve d’autres surprises. Son emplacement déjà. En tant que pont, il franchit une déclivité du terrain. C’est bien fichu quand même. Là où c’est intéressant c’est qu’il est situé à environ 50 mètres d’un autre pont qui porte la route que nous empruntons. De plus il est parallèle à celui-ci et ne semble mener nulle-part. Aucune trace de route, aucun bâtiment. C’est un pont entre rien et rien, juste à côté d’un pont qui franchit le même obstacle. La promesse des pics est bien tenue et les bâtisseurs du Mordor semblent bien avoir officié sur l’ouvrage. Le panneau explicatif indique très précisément que la raison de ces pics est floue. Renforcement de la structure, barrière anti-suite pour le bétail, folie du concepteur ? Mystère. Quant à nous, pas fous et au vu du soleil qui tape, nous descendons à peine de voiture. Il est tout à fait possible de visiter en restant dans le véhicule. Façon drive-through.
Etape à Swansea. Rien de passionnant. Nous observons les bateaux qui accostent mais aucun marin ne nous fait le plaisir de tomber à l’eau en débarquant. Déçus, nous repartons.
Et c’est Bicheno. L’auberge sac-à-dos est agréable et calme pour le moment. La tenancière nous promet l’arrivée d’un car pour le soir même. Deux stratégies : sieste d’un côté, déambulation dans la ville de l’autre. Les lits sont confortables, le bord de mer est agréable au soleil déclinant. Les stratégies convergent à l’heure de l’apéro et nous descendons ensemble vers la plage pour savourer une bière avec un bon goût de vacances. Une pensée pour les amis en France qui n’ont pas notre chance : nous écrivons quelques mots dans le sable et les photos qui en sont tirées seront envoyées via internet à l’autre bout du monde. Un peu de téléphone également pour les privilégiés, le rituel du soir est bien organisé.
L’apéro entraîne le repas. Le crépuscule entraîne le port d’un coupe-vent car ça fraîchit un peu. Devant nous, dans la baie, la marine nationale de Bicheno attend ses marins pour partir en quête de poiscaille. Demain sûrement.
Le ciel clair invite à la rêverie, et nous nous allongeons sur les rochers de la plage pour philosopher en regardant les étoiles. Pas de pollution lumineuse, pas de pollution sonore. Ou juste quelques moustiques. « Ca passe à travers le jean les moustiques ? « oui je crois ». Bof, on verra bien.
En tout cas c’est joli. La clarté du ciel nocturne nous rappelle que nous sommes à l’autre bout du monde. Ici pas de Grande Ourse, rien de bien reconnaissable. Loin de toute grande ville, la Voie lactée est très visible et on doit réapprendre les constellations. Quoique celle-ci ressemble furieusement à Orion quand même. Depuis l’hémisphère sud ? Après tout il doit bien y avoir quelques étoiles visibles des deux hémisphères. Au passage merci aux cours d’astronomie de monsieur Sonnerfield, c’est plus facile à retenir quand c’est ludique.
Nous rentrons nous coucher pas trop tard. Le car de touristes est bien arrivé et la salle commune est animée. Nous saluons les voyageurs et traversons en direction de la chambre. Le sommeil vient vite, bercé par le lecteur MP3 qui laisse passer des mélodies de West Coast à travers la porte.

Tasmanie - samedi 22 mars - 1er jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce premier jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Hobart, Eaglehawk neck, Pirate Bay et Maingon Bay.


Ce premier jour du périple commence à Melbourne, par une série de transports en commun en direction de l’aéroport. N’ayant plus de logement, je passe déposer ma lourde valise chez Maguy ; le voyage se fera en sac à dos. Ca a l’avantage d’être plus facile à transporter, le volume réduit force à ne prendre que le nécessaire, et ça donne un look backpackers qui colle mieux à notre périple que le look touriste de luxe. Tram, métro puis bus, nous enchaînons les trajets pour nous rendre au lieu de départ de l’avion prévu pour 11h10. On sent les yeux qui s’ouvrent peu à peu avec les heures qui passent, mais l’énergie n’est pas encore là. La motivation en revanche est déjà levée, parce que ça sent les vacances !
Une fois à Hobart, nous prenons possession de notre voiture de location. C’est une petite Hyundai grise. Un modèle très courant. Munie d’une boîte automatique, l’auto est également équipée en série d’une conduite à droite. Normal. Maguy a déjà un peu conduit la grosse Volvo de sa famille d’accueil dans Melbourne, mais rien qui lui permette vraiment de se bâtir une solide expérience du sujet. Pour ma part j’ai déjà conduit du mauvais côté de la route en Angleterre, mais dans une auto française. On va bien voir, et je suis volontaire pour commencer. Je démarre, je sors du parking et au premier carrefour le veux mettre mon clignotant pour tourner : j’enclenche les essuie-glaces. Ah ben zut, les commodos sont inversés. Je sens que les réflexes vont avoir du mal à venir. Ceci dit à deux c’est quand même plus facile, les éventuels doutes sont balayés par le passager qui redonne la bonne direction et qui rappelle les règles de bonne conduite routière en cas d’oubli. Le voyage jusqu’à Hobart se passe sans encombre. Le ciel est un peu gris mais ça doit s’arranger les jours qui viennent.
Notre première destination est le marché de Salamanca, qui a lieu tous les samedis. Et par chance… Situé sur la place du même nom, la marché de Salamanca n’est pas très grand, mais il regroupe énormément de boutiques d’artisanat, de vêtements, et heureusement de nourriture. Il est midi passé. Nous attrapons un sandwich chaud avec une Brat Wurst au milieu et des oignons en garniture. Un café par-dessus et voilà notre premier repas.
A noter que le café en lui-même n’est pas terrible en Australie mais sa préparation, son mélange avec du chocolat, et sa mousse onctueuse en font une nécessité à déguster quotidiennement voire plus. Ajoutez des petits marshmallows et vous approchez une notion de dessert qui n’est pas désagréable à cette heure de la journée.
A quelques mètres d’un pub, un petit orchestre au son irlandais joue au milieu du marché. La musique fait oublier la grisaille et l’entrain des musiciens met un air de fête sur ce marché qui était déjà bien animé. Finalement nous passerons une bonne heure sur ce marché, le temps de flâner et de parcourir toutes les allées. Impossible de ne pas craquer devant un stand de gâteaux secs. En montrant d’un geste large l’éventail des sacs qu’il propose sur son étal, le marchand nous demande quelle taille nous souhaitons acheter. Un coup d’œil entre nous enclenche un soupir intérieur, désolation de ne pas se faire comprendre en ce pays étranger. Le format familial évidemment. Quoi d’autre ? Comme il nous reste un peu de temps avant de partir pour Port Arthur, nous errons dans le centre ville. Hobart est une ville australienne typique, avec ses vieux bâtiments de moins de 100 ans, ses rues droites, ses édifices administratifs avec des colonnes à l’entrée.
Nous visitons la cathédrale St David, très propre et rangée. En poussant une porte, nous découvrons un couloir sombre et qui semble pourtant être une salle d’exposition. En l’absence de tout gardien et berger allemand, nous y pénétrons, curieux. La galerie expose quelques œuvres d’art religieux. Au plafond, des drapeaux britanniques en lambeaux. Après recherche sur les panneaux muraux, il apparaît que ces drapeaux appartenaient à des régiments disparus (démantelés ou fusionnés avec un autre). Dans ce cas leurs couleurs sont stockées au plafond et plus personne n’y touche. Le tissus peut ainsi s’abîmer avec le temps, tomber en miettes, le drapeau ne sera pas descendu. C’est une tradition militaire britannique.
Retour à la voiture, Maguy prend le volant en direction de Port Arthur, en passant par l’auberge qui nous accueillera pour la nuit. Mais sur la route, c’est l’heure du ravitaillement. Nous stoppons donc sur le parking d’une grande surface. Le menu des jours qui viennent est décidé rapidement, ce sera simple et transportable. Il nous faut du pain de mie, du thon en boîte, des légumes à grignoter (carottes, concombres), des bagels pour le petit déjeuner, l’indispensable pot de Vegemite (si vous n’avez pas goûté, ça peut s’arranger) et du chocolat. En Tasmanie, on a l’impression que c’est tous les jours les soldes des tablettes de chocolat, surtout les grosses tablettes des gourmands. Oh ben zut alors.
Pas de bières en revanche, elles ne sont pas vendues en grande surface, il faut un magasin spécialisé. Tant pis nous irons demain. Demain c’est dimanche, mais les magasins sont ouverts. Oué.
Retour au parking, Maguy ouvre le coffre de la voiture, je commence à y mettre les sacs des courses. Tiens c’est bizarre, il y a un sac de couchage déplié sur nos 2 sacs à dos. Et je ne me souvenais pas que le sac de Maguy était si petit. Nous restons figés une seconde, et c’est là que la portière du conducteur s’ouvre. Euh…
Un pas en arrière. Ce n’est pas notre voiture. Même modèle, même couleur, mais contenu différent. Je bafouille une paire d’excuses et nous filons vers notre véhicule. Vol de voiture, le séjour commence bien.
Nous reprenons la route vers la halte du soir. Nous découvrons peu à peu la verdure de la Tasmanie, les routes sinueuses et légèrement vallonnées. Un pont tournant nous force à une halte pour laisser passer un bateau de plaisance. Les touristes que nous sommes ne peuvent pas laisser passer l’occasion : chaque halte est propice à quelques photos. Ici on prend notre temps, rien ne presse, rien ne nous presse.
Le centre de plongée d’Eaglehawk est loin de tout. Perdu dans la descente vers la baie des pirates, il nous semble désert au premier abord, mais en fait non. Nous sommes les premiers à nous enregistrer, et nous pouvons donc choisir nos lits à loisirs dans cette chambre de 3 paires de lits superposés. Le temps de se dégourdir les jambes quelques minutes et nous repartons. Nous avons juste le temps de croiser un couple d’asiatiques, apparemment les seuls autres occupants de l’auberge, qui prendront la seconde chambre.
Le trajet suivant ne fait que quelques centaines de mètres, tant il nous semble indispensable de faire une halte de plus pour admirer Pirate Bay, dans laquelle nous imaginons déjà le galion au drapeau noir. Photo.
Un petit panneau nous indique un escalier vers une plage pavée, à laquelle nous nous sentons dans l’obligation de rendre visite. En place de pavés, c’est la roche qui dessine un dallage suite à un phénomène certainement très intéressant mais dont nous n’avons pas la moindre idée. Et puis on s’en fiche un peu, il faut avouer. En revanche l’effet est joli.
En route vers Port Arthur, le soleil couchant colore la route et le paysage. Il ne s’agirait pas de rater la visite fantomatique prévue au crépuscule. Nous avons réservé notre place et il nous faut également du temps pour manger. Les routes de Tasmanie ne sont pas les plus fréquentées du monde. Souvent larges, elles tendent parfois au détour de travaux à se rétrécir sur une voie. Et là c’est le drame, car à la sortie d’une voie pour revenir sur deux, nos réflexes français nous font de nouveau circuler sur la voie de droite. Toujours l’avantage d’être deux, quand le passager commence à se sentir stressé d’être du mauvais côté de la route, une petite tape sur l’épaule du conducteur au bout d’un kilomètre et celui-ci rentre dans le droit chemin qui est celui de gauche.
Port Arthur est petit. Déjà, « petit » ce n’est pas bien grand, mais en Tasmanie le qualificatif prend d’énormes proportions. Pour autant que vous me pardonniez cet oxymore. Port Arthur est petit donc, si petit que nous avons de la peine à savoir si nous y sommes ou pas. Un carrefour, deux maisons, pas de panneau. Le GPS indique que c’est le bon endroit et de toute façon quand nous allons un peu plus loin il n’y a rien de plus. Par chance, il y a bien un panneau qui indique le centre des visiteurs, si jamais cette notion a un sens en un lieu dans lequel on n’entre pas vraiment. De toute façon nous voilà rassurés, la destination est définie, c’est l’heure du repas.
Le Lonely Planet qui nous accompagne et plombe mon sac à dos indique un joli point de vue à quelques kilomètres de là, l’endroit semble idéal. La nuit n’est pas loin d’avoir terminé sa chute, mais la fraîcheur ne nous arrête pas. Après un quart d’heure de voiture, nous arrivons donc à Maingon Bay. Une longue promenade d’une minute au long d’une passerelle en bois nous mène aux flots d’écume qui frappent les rochers sous un ciel plus gris qu’ambre avec ce soleil qui se cache derrière un voile d’altocumulus.
Pour ce premier repas nous croquons une carotte, avalons une boîte de thon à la pointe du couteau, et dégustons un fameux crottin de Chavignol que Maguy a gardé d’un cadeau de Titi. Miam ! L’haleine Chavignol présage une bonne distance de sécurité avec les fantômes prévus ce soir. Ca a aussi du bon de voyager en célibataires.
Retour vers la grande ville et son centre des visiteurs. Il fait nuit, le ciel nuageux n’est pas menaçant, la température est très agréable et c’est à peine si un petit vent nous conseille de nous couvrir. Les départs pour le centre pénitentiaire de Port Arthur se font tous les quarts d’heure, ce sera bientôt notre tour. Ce que nous venons voir, ou plutôt vivre ce soir, c’est un Ghost Tour. Cette expérience consiste en une visite commentée d’un site sur lequel il y a eu différents témoignages d’apparitions étranges. Shelly, notre hôte pour la soirée, rapporte ces différents témoignages tout en parcourant différents lieux et bâtiments à la lueur d’une lampe à pétrole. La faible luminosité, les ombres sur les murs, la personnalité du lieu et des criminels qui les ont parcourus, tout aide à créer une ambiance propice aux histoires qui font peur. Ici aucun effet spécial, aucun acteur déguisé, aucun artifice de fête foraine. Tout est réel, tout peut arriver, il y a peut-être même un fantôme là derrière votre épaule. D’ailleurs il y a eu une apparition durant la visite le mois dernier. Dans le groupe, trois adolescentes se tiennent solidement par les bras, visiblement peu rassurées. D’histoires de détenus en fantômes de la Dame en Bleu, de passage par la maison du Révérend en promenade en sous-sol autour de la table de dissection, l’ambiance incite aux frissons et même si on n’y croit pas on ne peut s’empêcher de regarder les coins d’ombres un peu différemment. Ce soir, aucun phénomène étrange ne sera rapporté, en aurions-nous vraiment voulu un ?
Après avoir récupéré notre diplôme d’aventurier explorateur de pénitencier hanté, nous reprenons la route vers nos lits non sans avoir de nouveau essayé de voler une voiture. Mais là c’est pas de bol, au moment ou nous appuyions sur le bip pour déclencher l’ouverture des portières, une autre auto s’est mise à clignoter. Certes ce n’était ni la même taille de voiture, ni la même couleur, mais il faisait nuit et on était fatigués et puis zut. Le méfait a été évité juste avant d’ouvrir la portière, sans trop se faire repérer des véritables propriétaires du véhicule, ouf.
La nuit, les routes de Tasmanie sont limitées à 65 km/h contre 100 ou 80 en journée. La raison ? La vie sauvage est très présente, surtout que les forêts couvrent une bonne partie de la surface. Et nous n’avons vraiment pas envie de rendre la voiture avec un kangourou en lieu de pare-choc. Et en effet, nous croisons de la vie, des possums, des lapins, un wombat au loin dans le bas-côté. Chasseurs de gros gibier, nous arrivons tout de même à tuer quelques moustiques avec notre pare-choc. Vengeance par anticipation.
Brosse à dents, douche, duvet, il n’est même pas tard mais la nuit fera du bien.