Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce quatrième jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : la route vers Launceston (Maguy s'est trompée dans le titre), l'œuf cosmique, Binalong Bay, St Columba falls et Launceston |
Nous quittons Bicheno par ce beau matin de mars. Nous laissons derrière nous la meilleure boulangerie de l’île, les pingouins, la marine nationale, et mes lunettes de soleil. En tout cas c’est ce que je crois même si en rappelant l’auberge ils n’ont rien trouvé. Les pingouins peut-être.
L’étape du jour nous conduit vers Launceston, la ville du nord, sa vallée, ses promenades à vélo. Euh non, pas à vélo d’accord on oublie. Merci. Il y a un peu de route auparavant, que nous décidons de faire durer le plus possible le long de la côte. Elle est belle cette côte est de Tasmanie. Le sable blanc et l’eau bleue invitent à des pauses promenades. Et d’ailleurs, nous en faisons.
Lors d’un arrêt en fin de matinée, nous descendons sur une plage occupée uniquement par un pêcheur. Un pêcheur immobile, pensif face à l’étendue sans fin devant lui. Il regarde vers l’avenir, vers l’horizon. Il n’a pas l’esprit où il est. Est-il seulement conscient de notre présence. Nous en doutons et nous ôtons nos chaussures pour déambuler un peu plus loin. Ce n’est pas la plage qui manque.
La pause de midi se fait dans le petit village de St Helens, qui sera notre dernier contact avec l’océan avant de nous enfoncer dans les terres. Il y a un port, il y a un espace pour pique-niquer. Et il y a un œuf cosmique.
L’œuf cosmique est une œuvre d’environ deux mètres de haut, ovoïde comme il se doit. Il est recouvert de petits carreaux formant une mosaïque qui s’est abîmée avec le temps au point d’avoir perdu un tiers de sa surface. Et surtout, il y a une inscription.
Œuf cosmique & capsule temporelle
Ce projet a été conçu et coordonné par l’artiste Lucy Lewadowsky
Capsule temporelle à ouvrir lors de l’Australian Day en 2026
Ca donne envie de revenir dans 12 ans.
Nous ne nous attardons pas et nous continuons à pieds vers une curiosité locale : le paradis des oiseaux. L’embouchure d’une rivière qui se jette dans la baie de St Helens abrite des oiseaux dont le nom est indiqué en australien sur l’indispensable panneau à l’approche du point de vue. Ceci dit c’est décevant. L’endroit n’est pas facile d’accès (la boue est humide et profonde), et la seule espèce visible est le cygne noir (certes en grande quantité). Nous ne nous attardons pas en revenons à l’automobile. Nous reprenons la route.
Avec le grand trajet du jour et en prévision de ceux qui suivront, Maguy a branché son téléphone sur l’autoradio afin de profiter de la musique qu’il recèle. Mais voilà, le câble de connexion n’est pas un vrai, c’est une copie achetée chez le chinois. Et la copie est fournie avec l’option faux-contact. Et quand le faux-contact survient, la liste de lecture revient au début. J’aime bien Jerry Lee Lewis, et pas uniquement parce qu’il a chanté Great Balls of Fire qui est dans Top Gun, un film avec des avions qui vont vite et qui passent au raz de la tour. Non pas que. Mais depuis ce jour, j’ai beaucoup de mal avec la chanson « Secret Places », qui pour une raison inconnue s’est retrouvée affublée du titre « A » dans le téléphone, et qui donc revient régulièrement à nos oreilles au moindre cahot.
La route passe par St Columba Falls. Ce n’est pas un hasard, nous les avions repérées sur le guide et prévu le détour adéquat. Un parking, un chemin balisé, des panneaux explicatifs de la flore. La Tasmanie. Sac au dos et chaussés de nos plus belles chaussures de randonnée, nous vérifions le plein d’eau et de vivres en chocolat. C’est parti on va se dégourdir les jambes. Le chemin commence par une descente, au loin des randonneurs remontent la pente. Ils sont une dizaine, probablement sexagénaires, sandales aux pieds, sans sac. Nous revoyons immédiatement notre estimation de difficulté de cette promenade. L’arche à l’entrée annonçait une trentaine de minutes, je pense que ce sera plutôt 15.
Avant les chutes, le sentier s’enfonce dans la rainforest, que Maguy m’annonçait avec enthousiasme depuis un moment déjà. Les arbres et les fleurs qu’on y croise sont particuliers. Il y a un comme un air de jungle dans ces grandes feuilles tombantes et cette fraîche humidité. Enfin je vous dis ça sans avoir jamais le pied dans la jungle. Les chutes en elles-mêmes n’ont que peu d’intérêt, mais la promenade valait l’arrêt.
En repartant nous traversons des paysages plus familiers, que Maguy qualifie de basques et que j’imagine normands. Dans le virage d’une route, un porc-épic traverse la chaussée. La route est déserte, nous en profitons pour ralentir puis stopper, regarder puis photographier l’animal. Pas d’horaire, pas de plan de route précis, nous avançons à la vitesse de ce qui s’offre à nous.
A Launceston, nous nous garons le long d’un trottoir interdit au stationnement en face de la maison hantée qui sera notre gîte pour la nuit. Ou pour deux en fait car nous reviendrons demain soir. L’Arthouse est une grande maison le long de North Esk River et la personne à l’accueil nous confirme que nous n’aurons pas de PV pour notre stationnement illicite : ils n’ont jamais été embêté, principalement grâce au fait que la grande rue est large et bordée un terrain inoccupé. La clé du dortoir mixte en poche, nous montons installer nos affaires. Au premier coup d’œil, on reconnaît une auberge backpackers de ville par rapport à une de village. Dans une ville, les gens restent plusieurs jours, et donc ils s’installent un peu. Et c’est le bazar (le mot est faible) dans les chambres. Vêtements épars, lits défaits, sacs répandus sur le sol. Au dernier étage, notre chambre est également très chaude. J’imagine que le débat fenêtre ouverte / fenêtre fermée fait rage et qu’à la fin personne ne gagne. On étouffe. Pour le moment ce n’est pas important, nous nous douchons et nous nous préparons à sortir. Ce soir c’est pub.
Le gars de l’accueil nous montre les pubs les plus proches sur le plan, et le meilleur selon lui plus loin en ville. Nous partons pour le pub de la rue voisine. Nous sommes en fin d’après-midi, le pub est vide. Au pub suivant, même résultat. Un regard entre nous et nous décidons que l’abandon n’est pas au programme, on veut notre bière et notre burger ! C’est parti pour le centre ville. Tu te souviens de l’adresse qu’il a donnée ? Non pas vraiment, mais il fallait passer le pont, avancer deux rues puis à droite. Sur Washington Street ? On avance, on profite un peu du centre ville pas encore obscurci par la nuit tombante. Arrivés sur Wellington St (ah oui, Wellington et pas Washington), nous nous sentons plus près. Un coup d’œil au téléphone et à la carte de la ville, nous ne sommes plus loin. L’Irish Murphy’s nous aura fait un peu tourner et beaucoup marcher, mais il a l’air tout à fait correct. La devanture en bois, l’intérieur sombre, des tonneaux pour table, une scène, et un concert tous les soirs. A cette heure nous sommes seuls, mais nous commandons nos pintes.
Sur la scène, une batterie, un pupitre, et une ardoise qui annonce le début pour 21h. Nous avons le temps. Le temps d’appeler en France ou d’envoyer des messages. Le temps de finir la bière tranquillement, le temps de commander et de bien entamer nos hamburgers et leurs frites.
Le musicien chanteur guitariste s’installe. Il est seul, il est jeune, il a une belle voix mais le plus surprenant c’est l’image. Chaque prononciation de syllabe s’accompagne d’une grimace qui met en jeu tant de muscles de son visage qu'il en devient grimaçant. Le pub s’est peuplé de consommateurs assis au bar et qui tournent donc le dos à la scène. A notre tonneau nous sommes les seuls à écouter et à regarder l’artiste.
Nous sommes les seuls à applaudir. Et comme il s’en aperçoit, la soirée se transforme en concert privé, il demande nos prénoms, nous acclamons ce concert qu’il ne semble donner que pour nous. Pas jusqu’au bout cependant, car la fatigue nous rattrape. Retour dans nos lits, il fait chaud comme prévu. Ce ne serait pas la voiture des chinois qui est garée devant la nôtre ?
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