mardi 16 septembre 2014

Tasmanie - samedi 22 mars - 1er jour

Bonjour à tous ! En tant que covoyageur de Maguy lors de cette semaine en Tasmanie, j'ai pris des notes et je souhaite vous conter ici nos exploits. Un article par jour, une petite carte, quelques photos.
Pour ce premier jour, n'hésitez pas à également revoir les photos de Maguy : Hobart, Eaglehawk neck, Pirate Bay et Maingon Bay.


Ce premier jour du périple commence à Melbourne, par une série de transports en commun en direction de l’aéroport. N’ayant plus de logement, je passe déposer ma lourde valise chez Maguy ; le voyage se fera en sac à dos. Ca a l’avantage d’être plus facile à transporter, le volume réduit force à ne prendre que le nécessaire, et ça donne un look backpackers qui colle mieux à notre périple que le look touriste de luxe. Tram, métro puis bus, nous enchaînons les trajets pour nous rendre au lieu de départ de l’avion prévu pour 11h10. On sent les yeux qui s’ouvrent peu à peu avec les heures qui passent, mais l’énergie n’est pas encore là. La motivation en revanche est déjà levée, parce que ça sent les vacances !
Une fois à Hobart, nous prenons possession de notre voiture de location. C’est une petite Hyundai grise. Un modèle très courant. Munie d’une boîte automatique, l’auto est également équipée en série d’une conduite à droite. Normal. Maguy a déjà un peu conduit la grosse Volvo de sa famille d’accueil dans Melbourne, mais rien qui lui permette vraiment de se bâtir une solide expérience du sujet. Pour ma part j’ai déjà conduit du mauvais côté de la route en Angleterre, mais dans une auto française. On va bien voir, et je suis volontaire pour commencer. Je démarre, je sors du parking et au premier carrefour le veux mettre mon clignotant pour tourner : j’enclenche les essuie-glaces. Ah ben zut, les commodos sont inversés. Je sens que les réflexes vont avoir du mal à venir. Ceci dit à deux c’est quand même plus facile, les éventuels doutes sont balayés par le passager qui redonne la bonne direction et qui rappelle les règles de bonne conduite routière en cas d’oubli. Le voyage jusqu’à Hobart se passe sans encombre. Le ciel est un peu gris mais ça doit s’arranger les jours qui viennent.
Notre première destination est le marché de Salamanca, qui a lieu tous les samedis. Et par chance… Situé sur la place du même nom, la marché de Salamanca n’est pas très grand, mais il regroupe énormément de boutiques d’artisanat, de vêtements, et heureusement de nourriture. Il est midi passé. Nous attrapons un sandwich chaud avec une Brat Wurst au milieu et des oignons en garniture. Un café par-dessus et voilà notre premier repas.
A noter que le café en lui-même n’est pas terrible en Australie mais sa préparation, son mélange avec du chocolat, et sa mousse onctueuse en font une nécessité à déguster quotidiennement voire plus. Ajoutez des petits marshmallows et vous approchez une notion de dessert qui n’est pas désagréable à cette heure de la journée.
A quelques mètres d’un pub, un petit orchestre au son irlandais joue au milieu du marché. La musique fait oublier la grisaille et l’entrain des musiciens met un air de fête sur ce marché qui était déjà bien animé. Finalement nous passerons une bonne heure sur ce marché, le temps de flâner et de parcourir toutes les allées. Impossible de ne pas craquer devant un stand de gâteaux secs. En montrant d’un geste large l’éventail des sacs qu’il propose sur son étal, le marchand nous demande quelle taille nous souhaitons acheter. Un coup d’œil entre nous enclenche un soupir intérieur, désolation de ne pas se faire comprendre en ce pays étranger. Le format familial évidemment. Quoi d’autre ? Comme il nous reste un peu de temps avant de partir pour Port Arthur, nous errons dans le centre ville. Hobart est une ville australienne typique, avec ses vieux bâtiments de moins de 100 ans, ses rues droites, ses édifices administratifs avec des colonnes à l’entrée.
Nous visitons la cathédrale St David, très propre et rangée. En poussant une porte, nous découvrons un couloir sombre et qui semble pourtant être une salle d’exposition. En l’absence de tout gardien et berger allemand, nous y pénétrons, curieux. La galerie expose quelques œuvres d’art religieux. Au plafond, des drapeaux britanniques en lambeaux. Après recherche sur les panneaux muraux, il apparaît que ces drapeaux appartenaient à des régiments disparus (démantelés ou fusionnés avec un autre). Dans ce cas leurs couleurs sont stockées au plafond et plus personne n’y touche. Le tissus peut ainsi s’abîmer avec le temps, tomber en miettes, le drapeau ne sera pas descendu. C’est une tradition militaire britannique.
Retour à la voiture, Maguy prend le volant en direction de Port Arthur, en passant par l’auberge qui nous accueillera pour la nuit. Mais sur la route, c’est l’heure du ravitaillement. Nous stoppons donc sur le parking d’une grande surface. Le menu des jours qui viennent est décidé rapidement, ce sera simple et transportable. Il nous faut du pain de mie, du thon en boîte, des légumes à grignoter (carottes, concombres), des bagels pour le petit déjeuner, l’indispensable pot de Vegemite (si vous n’avez pas goûté, ça peut s’arranger) et du chocolat. En Tasmanie, on a l’impression que c’est tous les jours les soldes des tablettes de chocolat, surtout les grosses tablettes des gourmands. Oh ben zut alors.
Pas de bières en revanche, elles ne sont pas vendues en grande surface, il faut un magasin spécialisé. Tant pis nous irons demain. Demain c’est dimanche, mais les magasins sont ouverts. Oué.
Retour au parking, Maguy ouvre le coffre de la voiture, je commence à y mettre les sacs des courses. Tiens c’est bizarre, il y a un sac de couchage déplié sur nos 2 sacs à dos. Et je ne me souvenais pas que le sac de Maguy était si petit. Nous restons figés une seconde, et c’est là que la portière du conducteur s’ouvre. Euh…
Un pas en arrière. Ce n’est pas notre voiture. Même modèle, même couleur, mais contenu différent. Je bafouille une paire d’excuses et nous filons vers notre véhicule. Vol de voiture, le séjour commence bien.
Nous reprenons la route vers la halte du soir. Nous découvrons peu à peu la verdure de la Tasmanie, les routes sinueuses et légèrement vallonnées. Un pont tournant nous force à une halte pour laisser passer un bateau de plaisance. Les touristes que nous sommes ne peuvent pas laisser passer l’occasion : chaque halte est propice à quelques photos. Ici on prend notre temps, rien ne presse, rien ne nous presse.
Le centre de plongée d’Eaglehawk est loin de tout. Perdu dans la descente vers la baie des pirates, il nous semble désert au premier abord, mais en fait non. Nous sommes les premiers à nous enregistrer, et nous pouvons donc choisir nos lits à loisirs dans cette chambre de 3 paires de lits superposés. Le temps de se dégourdir les jambes quelques minutes et nous repartons. Nous avons juste le temps de croiser un couple d’asiatiques, apparemment les seuls autres occupants de l’auberge, qui prendront la seconde chambre.
Le trajet suivant ne fait que quelques centaines de mètres, tant il nous semble indispensable de faire une halte de plus pour admirer Pirate Bay, dans laquelle nous imaginons déjà le galion au drapeau noir. Photo.
Un petit panneau nous indique un escalier vers une plage pavée, à laquelle nous nous sentons dans l’obligation de rendre visite. En place de pavés, c’est la roche qui dessine un dallage suite à un phénomène certainement très intéressant mais dont nous n’avons pas la moindre idée. Et puis on s’en fiche un peu, il faut avouer. En revanche l’effet est joli.
En route vers Port Arthur, le soleil couchant colore la route et le paysage. Il ne s’agirait pas de rater la visite fantomatique prévue au crépuscule. Nous avons réservé notre place et il nous faut également du temps pour manger. Les routes de Tasmanie ne sont pas les plus fréquentées du monde. Souvent larges, elles tendent parfois au détour de travaux à se rétrécir sur une voie. Et là c’est le drame, car à la sortie d’une voie pour revenir sur deux, nos réflexes français nous font de nouveau circuler sur la voie de droite. Toujours l’avantage d’être deux, quand le passager commence à se sentir stressé d’être du mauvais côté de la route, une petite tape sur l’épaule du conducteur au bout d’un kilomètre et celui-ci rentre dans le droit chemin qui est celui de gauche.
Port Arthur est petit. Déjà, « petit » ce n’est pas bien grand, mais en Tasmanie le qualificatif prend d’énormes proportions. Pour autant que vous me pardonniez cet oxymore. Port Arthur est petit donc, si petit que nous avons de la peine à savoir si nous y sommes ou pas. Un carrefour, deux maisons, pas de panneau. Le GPS indique que c’est le bon endroit et de toute façon quand nous allons un peu plus loin il n’y a rien de plus. Par chance, il y a bien un panneau qui indique le centre des visiteurs, si jamais cette notion a un sens en un lieu dans lequel on n’entre pas vraiment. De toute façon nous voilà rassurés, la destination est définie, c’est l’heure du repas.
Le Lonely Planet qui nous accompagne et plombe mon sac à dos indique un joli point de vue à quelques kilomètres de là, l’endroit semble idéal. La nuit n’est pas loin d’avoir terminé sa chute, mais la fraîcheur ne nous arrête pas. Après un quart d’heure de voiture, nous arrivons donc à Maingon Bay. Une longue promenade d’une minute au long d’une passerelle en bois nous mène aux flots d’écume qui frappent les rochers sous un ciel plus gris qu’ambre avec ce soleil qui se cache derrière un voile d’altocumulus.
Pour ce premier repas nous croquons une carotte, avalons une boîte de thon à la pointe du couteau, et dégustons un fameux crottin de Chavignol que Maguy a gardé d’un cadeau de Titi. Miam ! L’haleine Chavignol présage une bonne distance de sécurité avec les fantômes prévus ce soir. Ca a aussi du bon de voyager en célibataires.
Retour vers la grande ville et son centre des visiteurs. Il fait nuit, le ciel nuageux n’est pas menaçant, la température est très agréable et c’est à peine si un petit vent nous conseille de nous couvrir. Les départs pour le centre pénitentiaire de Port Arthur se font tous les quarts d’heure, ce sera bientôt notre tour. Ce que nous venons voir, ou plutôt vivre ce soir, c’est un Ghost Tour. Cette expérience consiste en une visite commentée d’un site sur lequel il y a eu différents témoignages d’apparitions étranges. Shelly, notre hôte pour la soirée, rapporte ces différents témoignages tout en parcourant différents lieux et bâtiments à la lueur d’une lampe à pétrole. La faible luminosité, les ombres sur les murs, la personnalité du lieu et des criminels qui les ont parcourus, tout aide à créer une ambiance propice aux histoires qui font peur. Ici aucun effet spécial, aucun acteur déguisé, aucun artifice de fête foraine. Tout est réel, tout peut arriver, il y a peut-être même un fantôme là derrière votre épaule. D’ailleurs il y a eu une apparition durant la visite le mois dernier. Dans le groupe, trois adolescentes se tiennent solidement par les bras, visiblement peu rassurées. D’histoires de détenus en fantômes de la Dame en Bleu, de passage par la maison du Révérend en promenade en sous-sol autour de la table de dissection, l’ambiance incite aux frissons et même si on n’y croit pas on ne peut s’empêcher de regarder les coins d’ombres un peu différemment. Ce soir, aucun phénomène étrange ne sera rapporté, en aurions-nous vraiment voulu un ?
Après avoir récupéré notre diplôme d’aventurier explorateur de pénitencier hanté, nous reprenons la route vers nos lits non sans avoir de nouveau essayé de voler une voiture. Mais là c’est pas de bol, au moment ou nous appuyions sur le bip pour déclencher l’ouverture des portières, une autre auto s’est mise à clignoter. Certes ce n’était ni la même taille de voiture, ni la même couleur, mais il faisait nuit et on était fatigués et puis zut. Le méfait a été évité juste avant d’ouvrir la portière, sans trop se faire repérer des véritables propriétaires du véhicule, ouf.
La nuit, les routes de Tasmanie sont limitées à 65 km/h contre 100 ou 80 en journée. La raison ? La vie sauvage est très présente, surtout que les forêts couvrent une bonne partie de la surface. Et nous n’avons vraiment pas envie de rendre la voiture avec un kangourou en lieu de pare-choc. Et en effet, nous croisons de la vie, des possums, des lapins, un wombat au loin dans le bas-côté. Chasseurs de gros gibier, nous arrivons tout de même à tuer quelques moustiques avec notre pare-choc. Vengeance par anticipation.
Brosse à dents, douche, duvet, il n’est même pas tard mais la nuit fera du bien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire